« Épi de blé » et « Argile craquant » constituent une série (non exhaustive) de vidéos explorant des activations sonores réalisées au coeur du désert de Gorafe. Lors de mon dernier voyage, j’ai été plongée dans un paysage à la fois immobile et silencieux. La prise de son s’est révélée complexe : le moindre de nos mouvements ou souffles venait perturber les enregistrements. Écouter le désert est un exercice particulier, dominé par le vent et les échos lointains.
Face à cette difficulté, j’ai eu l’idée de produire moi-même des sons, dans le but de révéler la matérialité sensible du lieu. Ces interventions, que je qualifie de « formes d’ASMR écologiques», s’inscrivent dans une banque visuelle et sonore plus large, enrichie au fil de nos longues marches dans le désert. L’intimité des sons produits occupe une place centrale dans ce travail, qui interroge également la pratique du field recording.
En effet, à force d’attendre et d’écouter le « quotidien » des canyons arides, des variations ont fini par émerger : le cri soudain d’un oiseau, l’éboulement d’un rocher, ou encore le murmure d’une source d’eau lointaine. Nos gestes sonores viennent ainsi compléter cette trame sonore endémique et proposent une nouvelle manière d’écouter et de percevoir le lieu.